Quand la foi s'invite dans la rue pour redonner joie et courage

Alcool. Déprime. Christophe cumulait les terribles travers de la précarité, soumis à une déchéance inaltérable. Mais l'homme a rencontré Dieu. Sa vie a changé. Elle devient symbole d'espoir.

Pour passer Noël, il avait sa méthode : "Je me prenais une cuite monumentale et je restais HS trois ou quatre jours". La solution du désespoir. Celle du quotidien. "Je pouvais boire jusqu'à quarante bières dans une journée"; se souvient-il. "Je devrais être mort!" Christophe allait toucher le fond. Quand sa chute libre s'est arrêtée.

"Engagement" sincère.

"On m'a stoppé dans ma course"; insiste-t-il. Associations ? Bénévoles ? Pas seulement. "Ils apportent bien sûr un soutien matériel alimentaire et humain"; reconnaît Christophe. "Mais on ne guérit pas un SDF qui picole avec une cure de désintoxication : le retour dans la rue, c'est la replonge assurée !" Lui, pourtant, en a fini avec la bouteille. Il aurait même "guéri des reins". Autant "d'expériences personnelles "qui confortent Christophe dans l'identité de son sauveur : "Dieu ". "Dieu ". "Dieu ". Pas une phrase, pas une pensée, pas un acte sans lui. "Il m'a donné une espérance : celle d'une vie meilleure. " Cette force intérieure, Christophe la cherchait depuis longtemps. S'il s'étend peu sur son passé ('J'ai vécu ma vie...'), l'homme évoque "l'enfant triste" qu'il était. "A neuf ans, je n'avais aucun espoir. "Juste une question. Récurrente. Obsédante. "A quoi sert l'existence ?" La réponse est venue à lui. In extremis.

Aujourd'hui, rien n'est plus comme avant. "Pour m'en sortir, j'essayais de faire des choses par moi-même" ; indique Christophe. "A chaque fois ça tombait à l'eau!" Jusqu'au jour où "Dieu" vient le "chercher ". Pas d'illumination soudaine, non. Mais une prise de conscience progressive. "Au début, j'ai essayé de m'en détourner. Je me demandais ce qui m'arrivait! Mais on ne Lui échappe pas : Il vous retrouve toujours. Pour votre bien. " Christophe ne résistera plus. "Je suis tombé à terre, en larmes et j'ai offert ma vie à Dieu. " On pourrait croire l'élucubration mystique d'un SDF au bout du rouleau. L'attachement désespéré à une nouvelle porte de sortie, quand toutes les autres vous ont claqué au nez. Sauf que Christophe n'en reste pas aux mots. Il rappelle son incroyable ressaisissement, puis son récent baptême à l'église Evangélique de Narbonne. Un "engagement". Son nouveau départ.

Témoigner, raconter, partager.

Depuis, Christophe franchit souvent le seuil des églises narbonnaises. Mais pas en quête de charité chrétienne. Le "culte" est essentiel... dès lors qu'il ne devient pas une routine. "C'est toute la différence entre religion et Dieu vivant"; s'exclame l'intéressé. "La religion n'apporte rien : c'est juste aller à la messe le dimanche. Par habitude !" Lui parle de relation étroite avec le Tout-Puissant. Un contact de tous les instants. « J'agis, mais c'est Lui qui me guide !"Suit un détachement bénéfique au désarroi ambiant. "Franchement, j'estime n'avoir besoin de rien"; note Christophe. Le logement ? Il en a trouvé un. Les fringues ? Il passe de temps en temps au Secours catholique. Le boulot ? Christophe sait désormais être patient. "La semaine dernière, je n'ai travaillé que quelques jours"; précise-t-il. "Mais je sais qu'Il m'aidera à retrouver quelque chose !" Plus qu'une intuition. Une foi.

L. O.